Monsieur le Président du Conseil général, Mesdames, Messieurs les Conseillers municipaux, Chères et Chers Collègues,

J’interviens dans ce débat à titre personnel, pour vous faire part de quelques observations.

En tant qu’ancien Président du Conseil général, j’ai eu l’honneur de participer aux séances du Comité de pilotage concernant la fusion, durant la dernière législature. Il était tout d’abord intéressant de constater que même si nos deux communes sont voisines et collaborent régulièrement, il existe de nombreuses différences tant dans l’organisation de l’administration que dans nos règlements. La première phase des travaux a donc été de faire un état des lieux de l’existant, avant de pouvoir discuter d’un éventuel futur commun.

Ensuite, les discussions ont été menées en se projetant sur une future commune fusionnée. De mon ressenti, je n’ai pas eu l’impression d’un combat de forces entre les deux municipalités, mais bien plutôt d’un échange courtois où étaient retenues les meilleures solutions pour une administration efficace dans le cadre d’une nouvelle entité.

C’est pourquoi les éléments de langage qui ressortent dans le débat public, comportant des notions d’appropriation de biens et de terrains, de mainmise de la grande commune, etc., ne me semblent pas refléter la réalité dans laquelle s’est conduit ce processus.

Tout le monde s’accorde pour dire que cette fusion n’est pas commandée par la nécessité. Il faut donc se demander si elle apporte quelque chose ou non.

Je dois dire qu’au début du processus, cette question m’a souvent laissé sur ma faim. La première fois qu’on se pose la question, la réponse naturelle est donc plutôt le non.

Mais si l’on analyse en détail tous les rapports fournis et qu’on regarde vers l’avenir, ce sont plutôt les arguments du non qui semblent se limiter. Car si l’on se projette à une échéance de 20 ans, puisqu’en cas de non il est illusoire d’imaginer que la fusion revienne avant ce temps, notre avenir nous paraît devoir être régional. Les investissements faits seront de plus en plus régionaux, car ils servent le même bassin de population, qui présente des besoins de plus en plus similaires. Prenons en exemple celui de la rénovation de la piscine de Monthey, à laquelle nous avons décidé de participer précisément pour cette raison.

Je comprends tout à fait les raisons du non à la fusion, en particulier le côté émotionnel et identitaire. La population tranchera. Mais ce soir, en tant qu’élus, nous devons nous poser la question suivante pour nous déterminer : est-ce que la fusion va apporter un plus pour les citoyens ?

Et là force est de constater que la réponse est manifestement oui.

Une administration renforcée avec des spécialistes pour faire face à toutes les exigences qui sont demandées aujourd’hui aux communes,

une modification rapide des règlements si cela est nécessaire, ce que ne permet pas ou que difficilement une collaboration intercommunale,

un plus grand poids régional lorsque des services cantonaux seront décentralisés, lorsque la commune demandera une participation financière au canton ou à la Confédération pour ses grands investissements, lorsque des entreprises chercheront à s’implanter, etc.

Tout cela, même si c’est difficilement visible pour lui, servent le bien du citoyen.

Reste la question de la perte de représentation. Une question sensible qu’il convient d’examiner.

Comme certains l’ont déjà dit, la réalité des fusions récentes n’a pas montré de perte de la représentation de la plus petite entité dans les nouvelles autorités. Certains évoquent cependant la perte de proximité du fait de la diminution du nombre de conseillers municipaux et généraux au total.

Sur cette question, je mettrai ma casquette de Constituant. Les mêmes craintes ont été évoquées au début des travaux concernant divers thèmes, en particulier le remplacement des 13 districts par 6 régions, la diminution du nombre de députés ou l’instauration de Conseils généraux dès 5’000 habitants. Ces craintes ont été dissipées par l’analyse des travaux des commissions.

En effet, sur toutes ces questions de représentativité, l’important n’est pas tant le nombre de représentants de la population, mais bien plutôt que l’organe de décision soit adapté à la situation concrète et soit représentatif des idées des citoyens. A partir d’une certaine taille, un Conseil général n’est-il pas plus adapté qu’une assemblée primaire, notamment par le rôle des commissions ? Est-ce qu’un Conseil municipal de 11 membres et un Conseil général de 80 personnes à Collombey-Muraz seraient plus adaptés parce que plus représentatifs ? La réponse est non.

Les conseillers municipaux et les conseillers généraux étant élus au système proportionnel, il n’y a pas de crainte à avoir sur la représentation des courants d’idées dans les futurs organes de la commune fusionnée. Les citoyens auront toujours des élus pour relayer leurs propositions. Tous les partis politiques mettront sur leurs listes des candidats des deux anciennes communes, s’ils veulent se donner les meilleures chances. Il y aura donc des élus en nombre de notre commune dans les organes de la commune fusionnée. C’est une évidence.

Et même si, par impossible, ce n’était pas le cas. Pensez-vous qu’un élu anciennement de Monthey ne relayerait pas des préoccupations de Collombey-Muraz ? Pensez-vous qu’aujourd’hui les élus de Muraz au Conseil municipal et au Conseil général ne s’inquiètent pas de ce qui se passe aux Neyres ou à Illarsaz ? De la même manière qu’un député représente toutes les communes de son district, un élu représentera les préoccupations de tous les villages et pas seulement de la ville.

Une dernière remarque sur le nombre absolu d’élus qui diminuerait. Bien sûr il est plus facile d’aborder quelqu’un que l’on connaît. Mais il est également très facile de prendre contact avec un élu par d’autres moyens. Nous avons déjà un formulaire internet à remplir si un citoyen veut contacter un Conseiller général. Nous avons le PV mot-à-mot s’il veut s’assurer du détail d’un problème qu’il suit de près. Et que dire des réseaux sociaux, où des élus répondent déjà aujourd’hui directement à des inconnus pour leur donner des informations ou prendre en compte leurs remarques dans de futures interventions. Une fusion ne changera rien à cela. Cet argument ne tient donc pas à mes yeux.

Au final, je voterai donc oui, avec confiance, à ce projet de fusion.

Merci de m’avoir écouté.